L’autopsie d’un poulet

 
  

Il y a un an, lorsque Thierry (l’un des vétérinaires s’occupant de nos animaux) me pose la question suivante, j’en ai un haut le coeur : « Tu l’as ouverte pour voir comment étaient ses poumons ? »

Évidement non ! Je n’avais pas découpé la dépouille de ma poulette pour regarder à l’intérieur..

Rien que le fait d’en parler me donnait la nausée. Pas gagné pour aider le praticien à poser son diagnostique !

Depuis la vie et le destin ne nous ont pas épargné, les cadavres se sont succédés pour diverses raisons. Au lieu de systématiquement enterrer les petits corps sans vie, nous les déposons chez le vétérinaire ou au laboratoire départemental pour des analyses plus poussées.

Grandir pas à pas…

L’autopsie permet de révéler beaucoup de choses et en particulier les causes exactes du décès. Lorsque Thierry me demande de venir voir… Nouveau haut le cœur : j’en suis incapable. J’ai envie de conserver de Hefty l’image du poulet joyeux qu’elle était avant sa maladie.

Le temps et les évènements aidant, un jour je passe le cap et décide d’assister à l’examen, ne sachant pas trop comment j’allais réagir. L’idée d’apprendre quelque chose ce jour là était totalement secondaire ! Mon premier objectif étant déjà d’y arriver

Pour info, j’ai dignement survécu à cette épreuve ! 🙂

poulette brahma bleue malade

Albi notre poulette brahma bleue pour qui les soins auront été vains, sans connaître le mal qui la rongeait.

J’ai compris que la mort d’un animal, aussi triste soit-elle, peut parfois servir à sauver les autres. Qu’il ne faut pas toujours voir la perte d’un ami comme une fatalité, mais comme l’opportunité d’aider à trouver la solution pour soigner en visant juste. Parce que l’autopsie aura répondu à diverses questions.

Depuis le début de l’été nous sommes confronté à une mortalité inhabituelle. Notre premier réflexe est maintenant de nous tourner aussitôt vers le cabinet vétérinaire, afin d’étudier les causes ayant engendrées le décès du poulet.

Nous constatons malheureusement assez rapidement que nos vétos malgré leur bonne volonté, sont bien vite dépassés. Ils nous orientent d’ailleurs très rapidement vers le labo départemental, afin de pratiquer outre l’autopsie, des analyses complémentaires, des recherches bactériologiques et virales, etc.

Questionnement

Après 4 autopsies et des résultats peu concluants, malgré un entretien avec le directeur sur les pourquoi du comment qui ne mènent à rien, tout le monde en vient à penser que la première cause de mortalité est la chaleur et les températures excessives. Nous ne savons pas vraiment pourquoi mais nous ne sommes pas intimement convaincus par ce type d’explications.

poule malade

Raa poulette brahma pmd, prostrée un petit matin, ne va pas bien

Les semaines passent et les décès se poursuivent. Nos animaux semblent affaiblis par la canicule (ou par autre chose ??) et certains commencent à développer des maladies respiratoires, à maigrir, à cesser de s’alimenter. Quelque chose ne va pas mais quoi ??

Nous contactons l’association SOS gallinacées, pour une autre raison, et par la même occasion, je commence à exposer à John (biologiste, chercheur et membre fondateur) certaines de mes inquiétudes concernant nos plumeux. Il trouve bien évidement lamentable et désolant, le manque d’implication du laboratoire départemental pour nous aider à solutionner notre problème, car problème il y a.

Au vu des indications données John envisage la présence du virus de Gumboro parmi nos sujets, malgré l’absence totale de mortalité des poussins à la troisième semaine de vie (signe caractéristique de cette maladie). Manquait plus que cela… mais encore faut-il en être certain.. Il n’y a pas cinquante solutions pour en avoir le cœur net.

Franchir le pas

Ne pouvant pas expédier les dépouilles de nos poulets à l’association pour des autopsies de qualité faites par des spécialistes avicoles, je prends sur moi, et demande à John si nous pouvons le faire nous même, avec son aide et des photos pour poser le diagnostic.

Deux mails plus loin, après de longs échanges riches en informations, la décision est prise, nous allons autopsier les petits cadavres. Plus facile à dire qu’à faire.

D’autant que pour faciliter cette opération il est recommandé de laisser l’animal au réfrigérateur durant 3 jours. Cela semble logique. Ce qu’il l’est moins pour nous, c’est de franchir le pas et de trouver la place qui semble la plus adaptée : à côté des steaks de poisson, des yaourts ou de la confiture ??

poulette pékin frisée

penser à nos chers poulets nous aide à avancer pour trouver des solutions

Cette première étape psychologique franchie, il nous reste plus qu’à nous préparer pour la suivante. Les conseils de John nous aident pour ce baptême du feu un peu particulier.

Au final, nous avons eu plus de mal avec nos lacunes en biologie (c’est le foie, ça tu crois ?? ou les poumons ??), qu’avec le fait d’ouvrir les petits corps de nos amis.

La recherche de la vérité et d’une solution pour soigner les autres prenait le dessus sur tout le reste.

Nos premiers essais sont un peu hésitants mais les photos faites et envoyées à John, lui permettent de confirmer que deux des poussins sur les 3 premiers autopsiés ce jour là, présentent le stade 1 de la maladie de Gumboro. Le diagnostic est enfin posé, bien qu’il n’y ait pas que ce problème là de révélé par les autopsies. Au moins maintenant nous avons des clefs et des moyens d’action (vaccination) pour tenter de sauver le reste de notre troupeau.

Pour conclure,

J’ai du prendre beaucoup sur moi et relativiser mes émotions, afin de mener à bien cette mission qui était la seule solution pour résoudre le problème et les interrogations qui nous taraudaient.

Aujourd’hui j’ai grandi, j’ai muri, et j’ai appris beaucoup de choses. Si cela nous permet en plus de sauver nos animaux, alors ce sera une mission doublement réussie que je suis fière d’avoir menée. Je dis toujours « je » mais nous étions bien entendu deux, avec JF, pour cette aventure enrichissante à tous points de vue.

Sans l’aide et le soutient de John, et de l’association SOSGALI.org, nous en serions encore à enterrer nos poussins en doutant maintenant que la canicule soit la cause unique d’autant de mortalité…

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Logo-Cavalcade-150x150Cet article relatant des faits marquants, est ma contribution de cette fin d’été pour le festival de La Cavalcade des Blogs.


 
  
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8 comments on “L’autopsie d’un poulet

  1. Brynart alexis

    Félicitations j’ai une poule qui va se faire autopsier demain chez le veto car moi je n aurais pas eu le même courage que vous car la c’est ma 12 e perte en presque 3 mois yen a marre et avant ta eu la coccidiose

    1. Gaëlle

      Alexis,
      Il y a quelques mois je n’aurais pas eu le « courage » non plus de le faire… On grandit chaque jour un peu, si l’on s’en donne les moyens.
      Concernant la coccidiose, cela n’arrive pas ainsi par hasard, mais fait suite à un épisode de soins sous antibiothérapie par exemple, ou à un évènement de stress important. 😉

  2. doye Yvonne

    quel courage , je comprend que c’est très éprouvant , mais si ça peut sauver les autres , tu as bien fait , bon courage Gaëlle et JF

    1. Gaëlle

      Merci Yvonne 😉
      Des pensées positives et des encouragements on en a bien besoin actuellement pour ne pas tout abandonner…

  3. brigitte

    Félicitations Gaelle pour ta persévérance, je te souhaite un bon courage pour cet élevage de cocottes

    1. Gaëlle

      Merci Brigitte de tes encouragements, nous en avons bien besoin en ce moment…
      D’autant qu’hier soir, j’ai du autopsier ma chère Albi, psychologiquement très éprouvant. J’attends de savoir le diagnostics des spécialiste afin de mettre un nom sur ce que j’ai trouvé dans ses sacs aériens… 😉

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