Quand les poulets mènent une vie de chien

 
  

Article rédigé par Camille Ozier. C’est donc elle qui s’exprime dans le « je » des lignes suivantes 🙂


Élevage intensif :

quand les poulets mènent une vie de chien

Amis lecteurs, vous l’aurez compris cette semaine je continue dans la lignée de la maltraitance animale. Je vais vous révéler dans cet article, l’autre versant de l’exploitation des gallinacés : l’élevage du poulet de chair. Tout aussi terrifiant que celui des poules pondeuses, il m’a été très pénible de visionner certaines images (d’autant plus que plusieurs de ces élevages étaient en réalité à deux pas de chez moi).

À l’heure actuelle, 80% des élevages de poulets en France sont dits « intensifs ». La tentation du profit financier conduit à de plus en de plus de dérives. Bien que des directives européennes tentent de garantir le bien-être des animaux d’élevage, pour la volaille nous en sommes loin, très loin !

Le poulet arrive en seconde position juste après le porc dans la viande la plus consommée dans l’hexagone. Apprécié pour sa légèreté et sa faible teneur en cholestérol, la demande est de plus en plus forte. Si les poulets de plein air, label rouge et bio ont vu leurs ventes décoller ses dernières années, l’engouement pour le poulet à bas prix conserve le haut du podium, crise économique oblige.

Des conditions de vie qui donnent la chair de poule

Tout comme les poules de batterie, les conditions de vie du poulet de chair ne sont guère reluisantes, et c’est là un euphémisme.

Tout commence après la seconde guerre mondiale. Le pays est en ruine, le contribuable appauvri. Il faut tout reconstruire mais pour cela il faut reprendre des forces et consommer des protéines. Le poulet tombe à pic, c’est une viande peu onéreuse et surtout c’est une nourriture rapide à produire (un poulet grandit bien plus vite qu’un bœuf). L’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) s’attelle alors à faire de la sélection génétique pour développer des races de poulets capables de grandir toujours plus rapidement. Et cela fonctionne. Aujourd’hui un poulet grandit deux fois plus vite qu’il y a 30 ans.

Mais la génétique ne suffit pas, les animaux sont aussi gavés pour atteindre leur poids d’abattage de plus en plus tôt. Dans ce type d’élevage, le poulet est « prêt » en seulement 6 semaines (environ 2kg). La musculature s’est développée bien trop vite par rapport aux pattes, aux poumons ou au cœur. Les volatiles souffrent de déformations, de paralysies, de problèmes respiratoires et cardiovasculaires.

Certains meurent de faim, de soif ou de maladies. Tout comme pour l’élevage des poules de batterie, des cadavres jonchent parfois le sol.

Dans ces fermes géantes, les animaux ne voient jamais le jour. Chaque hangar peut abriter jusqu’à 40000 individus et jusqu’à 25 poulets par m² (soit moins d’une feuille A4 par oiseau). Les animaux sont là aussi, privés de leurs comportements naturels.

Des antibiotiques à tous les repas

poules en cage. élevage en batterie de poulets de chair

Même les prisonniers pour fautes lourdes sont bien mieux lotis….

Stressés, apeurés et vivant au milieu d’une hygiène catastrophique, beaucoup de poulets sont porteurs de bactéries. Pour éviter une trop grande mortalité, et ainsi une perte de bénéfices, certains éleveurs n’hésitent pas à bombarder leurs volailles d’antibiotiques et ce dès leur naissance.

Il se dit même qu’un nombre (impossible à définir) de ces éleveurs iraient jusqu’à pratiquer une médication clandestine avec des antibiotiques obtenus sur le marché transfrontalier, là où la réglementation est moins stricte. Cette pratique est bien sûr totalement illégale.

Les conséquences sur l’homme

Ce mode d’élevage n’est pas sans conséquence pour la santé humaine. Il pourrait même nous amener à des situations sanitaires alarmantes dans les années à venir. Tout d’abord les nombreuses bactéries qui pullulent sur les animaux ne sont jamais totalement éradiquées et se retrouvent encore sur le corps de l’animal lorsqu’il arrive dans votre cuisine.

La simple manipulation d’un poulet cru peut vous contaminer par contact.

Ce type d’élevage favorise aussi la propagation des virus. On se souvient tous de la crise de la grippe aviaire du début des années 2000 qui a décimé des exploitations entières. Même si les transmissions à l’homme sont restées faibles pour ce virus et surtout cantonnées aux personnes ayant eu des contacts étroits et répétés avec les volailles, une possible mutation du virus combiné à une grippe humaine n’est pas à exclure.

L’usage massif d’antibiotiques a entraîné l’apparition de résistance chez certaines bactéries. Problème : ces antibiotiques sont parfois les mêmes que chez l’humain. Aussi certains patients contaminés par une infection bactérienne n’arrivent plus à être soignés, il y a même des décès.

On a du mal à estimer le nombre de morts causées par la consommation régulière de poulets élevés aux antibiotiques mais il y a fort à parier que celui-ci augmentera dans les prochaines décennies.

Une mort après la vie

(Âmes sensibles s’abstenir)

Je crois hélas qu’on ne peut pas finir dans pires circonstances. Pour pouvoir vider un hangar de 40000 poulets le plus rapidement possible, la méthode doit être industrielle. Les volailles vivantes sont happées par des machines puis propulsées et entassées brutalement dans des caisses direction l’abattoir. Les gallinacés sont alors terrorisés. Une fois là-bas ils sont électrocutés puis saignés parfois directement.

Les volailles seront déplumées (du moins pour ce qu’il restait de plumes) et nettoyées à l’eau puis vendues à des prix défiant toute concurrence (entre 2 et 3€ le kg seulement).

Comme il n’y a pas de petites économies, les carcasses sont conservées pour en récupérer les lambeaux de chair encore accrochés. La viande sera séparée mécaniquement des os par des broyeurs. On obtient alors une sorte de viande reconstituée dans laquelle on retrouve des fragments d’os et de cartilage. Cette pâte ira servir de garniture à tout un tas de plat préparés, à des saucisses cordons bleus et autres nuggets (bon appétit !).

Consommer autrement, plus qu’un choix, une nécessité

Tout comme pour mon article précédent, je ne peux que vous encourager à vous tourner vers les poulets de plein air, les labels rouge ou bio. Bien que plus chers, ils assurent une qualité de vie bien meilleure à nos amies les cocottes.

Ces poulets sont rarement issus d’une sélection génétique et descendent généralement de races rustiques au goût plus authentique. Ils gambadent toute la journée, ainsi leur chair est plus ferme et ne se décompose pas comme de l’eau dans l’assiette.

Évoluant à l’air frais et étant plus heureux, leur système immunitaire en est renforcé. Ces animaux consomment beaucoup moins d’antibiotiques voire pas du tout pour certains. De plus, plusieurs éleveurs font des recherches et des essais sur l’utilisation de plantes et huiles essentielles dans le traitement des bactéries et parasites, des solutions beaucoup plus naturelles donc.

Vous l’aurez compris, choisir un poulet labellisé ce n’est pas seulement choisir une viande plus savoureuse, c’est aussi agir pour la cause animale et pour la santé des générations futures.

Encore une fois, VOUS êtes les décideurs de demain.

Let the chicken run !

😉

 


 
  
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One comment on “Quand les poulets mènent une vie de chien

  1. lapoulephilosophe

    C’est sûr que, même si on n’est pas sensible à la souffrance animale, on peut se dire que les poulets que l’on consomme, élevés dans des conditions aussi atroces, ne peuvent qu’être très nocifs pour la santé humaine.

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