oeuf de P'Ang

Qui de la poule ou de l’œuf ?

 
  

Camille Ozier nous fait cette fois-ci le plaisir de débattre sur une question vieille comme le monde (ou presque !!) 🙂

C’est donc elle qui s’exprime dans le « je » de ce texte.


C’est la question à un million d’euros sans joker ni appel à un ami ! Cette semaine, je me suis donc penchée sur cet épineux problème. Je me suis plongée dans les tréfonds d’une guerre acharnée entre les pro-poules et les pro-œufs, pire qu’une après-midi mouvementée à l’Assemblée Nationale. Mais alors qui de la poule ou de l’œuf est apparu en premier ?

Et bien les amis, la réponse va vous étonner : ni l’un ni l’autre !

Un débat antique

Il est étonnant de voir jusqu’où remonte la polémique. Nous sommes en effet bien loin du « buzz » moderne. Si la question agite encore la communauté aujourd’hui, c’est bien dans le domaine de la génétique pure. Mais si l’on regarde du côté de la Grèce antique, on s’aperçoit alors que l’affaire torturait les esprits sur le plan philosophique. Le « chicken gate » en était presque un paradoxe existentiel (vous me direz, peut-être encore un peu de nos jours).

Le philosophe grec Aristote par exemple, partait du principe que seul un être achevé et parfait était capable d’engendrer quelque chose. L’être en devenir (l’enfant ou le poussin dans l’œuf) n’avait pas de sens à son existence sans son créateur (l’adulte ou la poule). Pour lui c’était donc clair, l’œuf ne pouvait exister sans une poule au préalable. Cette réponse allait évidemment à l’encontre de toute théorie sur l’évolution mais devait sans doute le rassurer sur sa propre conception de l’existence.

Un débat scientifique

Aujourd’hui la science a pris la part la plus importante dans la recherche sur la compréhension du monde. C’est donc sur des protocoles très « académiques » que se posent les bases du débat à présent. On pourrait croire que cela calmerait les esprits, or il n’en est rien ! Même dans les plus hautes sphères universitaires on assiste à des querelles de basse-cour.

Les pro-poules

Pour eux la question est vite tranchée. La coquille d’œuf se forme sous l’action d’une protéine, l’ovoclédidine-17 sécrétée par l’ovaire de la poule. Il est donc impossible que l’œuf soit apparu avant la poule.

Les pro-œufs

Si vous vous rappelez du film Jurassic Park sorti en 1993, vous vous souviendrez sûrement du professeur Alan Grant qui prônait, l’air rêveur, que les oiseaux descendaient en réalité des dinosaures. En 2018, cette théorie semble majoritairement acceptée sur le plan scientifique. L’on sait donc deux choses :

  • Les dinosaures étaient ovipares (ils pondaient des œufs). Les plus vieux fossiles d’œufs datent d’environ 190 millions d’années.
  • Le premier animal considéré comme appartenant au groupe des oiseaux est un genre de dinosaure à plumes appelé Archéoptéryx et vivant il y a 150 millions d’années.

On suppose alors que l’évolution a suivi son cours. Le groupe s’est diversifié et l’une des espèces d’oiseaux ancestraux devait ressembler à une poule préhistorique, un genre « d’archéo-poule » ou de « presque-poulet ». Un beau jour cette créature aura pondu un œuf dans lequel de nouvelles modifications génétiques seront apparues conduisant à une poule proche de celle que nous connaissons. Autrement dit la poule serait bien née d’un œuf mais d’une autre espèce lui ressemblant génétiquement.

Un débat absurde

Avec cette dernière révélation, on semble s’approcher un peu plus de l’explication la plus plausible. Et c’est là que l’absurdité du débat prend tout son sens. La poule provient donc de l’œuf de son ancêtre. A la bonne heure ! La poule ancestrale pond des œufs ancestraux d’où finit par sortir une poule moderne qui pond des œufs modernes. Vous me suivez toujours ? La poule et l’œuf font partie d’un système, d’un cycle sans fin. L’un n’existant pas sans l’autre. Il est totalement vain et inutile de chercher à savoir qui était là le premier. Ce ne sont que deux états différents d’une seule forme de vie.

Chercher à savoir qui de la poule ou de l’œuf existait avant l’autre est non seulement un non sens scientifique mais surtout une torture psychologique… D’ailleurs, vous croyez que P’Ang elle se la pose, cette question ? Moi je ne trouve pas que ce soit une poulette très tourmentée mais plutôt une bonne vivante. Prenez donc son exemple 😉

A la frontière de l’éthique

Quand la science moderne va (un peu) trop loin avec la manipulation du passé… Je vous ai parlé un peu plus haut du film Jurassic Park. Si l’on se remémore l’expérience du fameux milliardaire fou, il y était question d’ADN fossilisé de dinosaure partiellement dégradé et reconstitué à l’aide d’un morceau d’ADN de batracien. Imaginez alors l’expérience transposée de nos jours. Nous utiliserions donc plutôt un morceau d’ADN de poulet n’est-ce pas ?

Pourquoi je vous pose cette question ? Parce que c’est peut-être ce qui se produira dans un avenir pas si lointain que ça… Et cela pourrait bien marcher. Effrayant n’est-ce pas ?

En 2015, une équipe de chercheurs menée par le paléontologue américain Jack Horner (celui-là même qui a inspiré le personnage du professeur Grant) a réussi à modifier un embryon de poulet pour lui faire pousser un mini museau de dinosaure à la place du bec. Ils ont pour cela en quelque sorte « inversé » le processus d’évolution en réactivant des gènes dinosaures ancestraux. Le museau ainsi obtenu est à mi-chemin entre celui d’un vélociraptor et d’un archéoptérix (à la taille du poulet bien sûr). L’embryon de « chickenosaure », bien que viable, n’a pas été conduit jusqu’à l’éclosion mais la tentation était grande. La prochaine étape des chercheurs est d’ailleurs de recréer une sorte de queue de dinosaure selon le même processus. De là à finir avec une vraie créature hybride mi-poulet, mi-dinosaure, il n’y a qu’un pas !

Ainsi l’espace entre imagination et réalité se réduit à mesure que la science progresse. Le rêve (ou le cauchemar) de voir un jour un dinosaure en chair et en os arpenter le sol terrestre pourrait bien se concrétiser.

Si le but de ces expériences est simplement de comprendre les mécanismes de l’évolution et conforter la thèse selon laquelle les oiseaux descendent bien des dinosaures, n’a-t-on pas à craindre quelques dérives ? Rappelons que « La science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Et vous ? Êtes-vous prêts pour un P’Angosaurus ?

🙂


 
  
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One comment on “Qui de la poule ou de l’œuf ?

  1. Françoise

    Mais alors si ni l’un ni l’autre, ni les deux, on n’aura plus le plaisir de gamberger sur des réflexions futiles.

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