Le matin lorsque je viens ouvrir les portes des poulaillers avant le lever du jour, les oies m’accueillent de leurs cris. Mais ce matin là, RIEN. 🙁 Je ne vois que Z’oie qui va et vient un peu perdue. Je cherche un cadavre des yeux…. rien…. pas de Zag… Mon cerveau turbine à 200 à l’heure, imagine le pire, le plus insolite, etc, le temps que je m’approche. Le jars est dans l’abri où il ne va jamais. BIZARRE.
C’est en voyant le sang dans le seau d’eau que je réalise qu’il y a un vrai problème, ce qui explique qu’il se cache.
Les oiseaux se cachent pour mourir
Choqué, abimé et douloureux, Zag reste dans le fond de sa cabane. Je vois mal, il y a du sang sur la tête et le dos semble-t-il. Encore une chance que Jeff soit de congé cette semaine, car je ne suis pas en mesure de porter l’animal jusque notre salle de soins.
Il n’y a « que » le bec de touché, le sang sur le corps est celui qui vient de la tête. Est-ce un moindre mal ? Le pauvre animal a vraisemblablement été pris dans la mâchoire d’un renard qui ne comptait pas le lâcher. Sans doute en passant sa tête à travers le grillage comme il aime à le faire pour impressionner les visiteurs ! Il a certainement voulu dissuader l’intrus d’approcher de sa compagne (Z’oie) qui couvait au bord de la marre. Pris à son piège dans le grillage, il était difficile de s’extraire de cette situation et de se libérer de la mâchoire du prédateur.
L’état du bec parait critique avec multiples fractures. Malgré le sang qui dissimule les lésions, on voit bien qu’il manque des morceaux. Pronostic plutôt sombre à première vue….
Une fois lavé et rincé le bec, ou ce qu’il en reste, le pronostic devient encore plus sombre. Pas de fracture nette et franche, c’est déchiqueté et mâché. La mâchoire inférieure et les dents sont brisées. Le bec, qui n’a plus de tenue sur la partie supérieure, ne permet plus à l’animal de s’alimenter.
Que faire ? Nous sommes un peu sans voix, face au désastre sous nos yeux. Après désinfection locale très large au Cothivet, et application cutanée d’une synergie anti-infectieuse concoctée par Loïc, notre naturopathe, Zag est remis dans sa cabane.
Quelles options s’offrent à nous ? Est-il viable avec un bec détruit ? Autant de questions qui tournent en rond dans mon esprit tourmenté. Je lance un appel à l’aide sur les réseaux sociaux, pour avoir des avis et retours d’expert en oies. Ici pas de vétérinaire qui prennent en charge les poulets… alors les oies….. pas la peine d’y penser. Il ne faudra compter que sur nous pour trouver la meilleure solution.
Je retourne voir le blessé, et apporter de l’eau fraîche additionnée d’extrait de pépin de pamplemousse pour le côté anti-infectieux, et de Traumassedyl, pour l’aspect antalgique. Je suis surprise de voir Zag sortir et venir se rincer le bec dans le seau aussitôt. Au moins je suis certaine que les additifs pourront peu à peu faire effet, surtout s’il en avale au passage.
Curieusement il semble « mieux » depuis que nous avons nettoyé sa blessure. Et ce n’est pas le fruit du hasard. Il avait besoin de notre considération et intérêt pour sortir de son état de choc émotionnel. Nous ne sommes pas très proches, bien que nous l’ayons eu petit, voici 4 ans. Il n’a jamais voulu, et nous avons respecté son choix de conserver des distances. Je suis donc un peu (beaucoup) étonnée de cette réaction, que je mets tout d’abord sous le coup de l’émotion et du traumatisme.
Faire le tri des idées
Peu de cas similaires sur le web. Les quelques rares animaux « réparés » présentaient une fracture franche du bout du bec. Le nôtre est touché à la moitié, au ras des narines, et la partie supérieure n’a plus de tenue. Je note plusieurs informations qu’il faut approfondir :
- Le bec d’oie se régénère, un peu à la manière d’un ongle
- On peut réparer une fracture en la recollant
- On peut refaire un bec en résine, ou même en 3D, après ablation des parties lésées.
J’observe mon jars et une chose est sûre : il a faim et il aimerait bien manger, mais son pauvre bec détruit ne fonctionne plus. Après deux jours, il avale un peu de soupe comme il peut, mais ça ne rempli pas l’estomac.
Le fait qu’il soit très rapidement sorti de son état de choc, pour recouvrer une vie « presque » normale est très significatif de sa volonté de dépasser ce problème handicapant. Et c’est cela qui nous pousse à trouver une solution pour lui venir en aide.
L’apport d’antalgique homéopathique (Traumassedyl) semble efficace pour lutter contre la douleur et une partie de l’inflammation. Le risque d’infection est grand, car le jars ne reste pas au sec, et va barboter sur la marre, trempant tête et bec dans une eau plus ou moins sale.
La solution provisoire
Dans un premier temps il faut impérativement qu’il puisse s’alimenter, pour survivre et combattre activement tout début d’infection. Si nous dépassons ce cap critique, peut être pourrons nous ensuite voir d’autres solutions concernant le bec.
Nous devons redonner de la rigidité au bec abimé pour qu’il recouvre au moins cette fonction vitale.
Ok, c’est bien joli d’avoir l’idée…. On fait quoi maintenant pour la mettre en pratique ? Jeff part à la clinique vétérinaire pour savoir quelle type de colle ou résine on doit utiliser en milieu aquatique. Et là on lui propose d’amener le jars, de l’endormir et de voir ensuite quoi faire…. sachant que sur les 8 praticiens du cabinet, personne n’y connait rien en palmipèdes ou gallinacées. D’ailleurs la seule chose dont on lui parle avec certitude c’est le coût de l’intervention….. qui sera exorbitant !!
Qu’à cela ne tienne !! Jeff est allé au magasin de bricolage chercher de la colle avec durcisseur pour prise rapide sur tous matériaux… Le bec de canard est il l’un des matériaux de la liste ??
Nouveau nettoyage des zones lésées, et observation minutieuse de quoi faire et comment pour redonner de la rigidité à l’ensemble. Zag se laisse faire, comme s’il comprenait l’enjeu de la situation. Effectivement une fois collé, le retour en arrière sera compliqué ; la marge d’erreur est donc plus que faible.
Notre décision est prise, il faut tenter quelque chose, sinon il ne survivra effectivement pas.
Atelier bricolage
Pour détendre l’atmosphère et lutter contre le stress de chacun, large vaporisation du spray « réconfort immédiat » (une valeur sûre qui a fait ses preuves !!). On peut commencer à coller. Tout va très vite, car le durcisseur agit très vite. Jeff applique colle et bandes de gazes sur les zones préalablement définies. Zag est quasiment immobile, ce qui facilite bien l’opération. Comme indiqué sur l’emballage, la prise et rapide. 🙂
Il faut cependant deux heures de séchage …. au sec ! Zag retourne dans son abri fermé pour l’après midi.
C’est ensuite, le moment de vérité…. Est-ce que ça tient ou pas ?? À priori oui !! On lâche le jars, qui se jette sur le seau de soupe pour en attraper les morceaux de pain !! C’est gagné il peut déjà avaler doucement quelque chose de mou !!
Forts de cette première réussite il faut retourner chercher d’autres seringues de colle pour s’occuper à présent de la partie inférieure du bec, et fignoler un peu la partie supérieure. Zag aura la nuit pour sécher, c’est parfait en timing ! 🙂
La solution retenue n’est peut être pas la meilleure (nous ne sommes pas experts), mais c’est le choix que nous avons fait dans cette tentative de sauvetage. Choix qui s’appuie sur la volonté du jars de s’alimenter et de vivre, même avec un handicap.
Alors certes, cette solution n’est que temporaire, pour lui permettre de se nourrir et elle ne garantie nullement à ce jour, que l’issue sera heureuse. Mais au moins, on aura essayé quelque chose, avec notre cœur, avec nos tripes et notre envie de donner une seconde chance ! 🙂
Voir Zag « manger » (du bout du bec, si on puis dire !!) était aujourd’hui, le plus beau cadeau !! 🙂
Bonjour , mon oie a le même problème depuis hier le bec est cassé au dessus, je n’ai pas retrouvé l’autre moitié, j ai lu l’article, pouvez vous m’aider, j ai un ami qui possède une imprimante 3d qui est près a aider, mais je ne sais pas du tout comment faire, où trouver des plans etc , je suis vraiment perdue,, et je ne veux pas l’euthanasier…
Merci beaucoup
Bonsoir, j’ai été touchée par cette histoire et voudrais savoir si votre jars, depuis, s’en est sorti. Merci pour votre réponse.
bonjour Amélie,
Oui Zag est toujours avec nous, et toujours chef de famille ! 🙂
Il a le bec tronqué, mais s’est adapté à son handicap.
Il est même à nouveau capable de venir pincer les mollets ou tirer le pantalon, s’il le faut !!
Les oeufs de ses oies sont fertiles et nous avons même gardé un oison cette année , qui s’appelle Zouk.
Merci de vous être inquiétée de son sort.
Bonsoir urgence médicale non pour une oie mais pour une poule.
Attaqué au visage durant la nuit. Bec supérieur abîmé, tous comme Zag!! Que faire vétérinaire a juste donne antibiotiques à administré avec seringue !! Elle est courageuse mais ne s’alimente pas où très très peu. Que faire??
Elle est au chaud à la maison. On nettoie avec compresse et serrum phy, sa tête le matin.
Bonsoir, je viens vers vous pour un conseil. Mon jar àvien de se faire mordre au cou par mon chien.il saigne beaucoup par le bec. Hémorragie. Pas de plaies au cou, tout se passe à l’intérieur. Que faire ?
Bonjour mon jar a aussi était attaqué par un renard sauf que lui il a été mordu au cou et sous les ailes. Il boite, ne bouge plus tellement et ne s’alimente pas. Il boit par contre et nous lui avons désinfecter les plaies avec un spray antiseptique et asséchant. Il ne sort plus aucun son et perd ces plumes. Je m’inquiète je n’arrive pas a savoir si son état empire ou non
J’ai le même problème avec mon oie et je m’inquiète fortement car c’est mon bébé … votre jars a t’il guéri ?
Le jars de Gaëlle s’en est sorti et se débrouille malgré son handicap.
Bonjour je venais aux nouvelles de Zagreb s’il a pu s’en sortir et qu’il est bien rétabli actuellement
Bravo! Pourvu que cela fonctionne!
bravo j espere que ca va marcher et qu’il va retrouver le gout de vivre en pleine forme;
Bravo pour cette intervention! Croisons les doigts pour Zag!
BRAVO vous êtes géniaux! Je ne pouvais pas croire que tu baisserais les bras. Encore plein d’ondes positives pour la suite.