boites d’œufs industriels

Œufs de batterie, Auschwitz version gallinacé

 
  

Voici un nouvel article signé Camille Ozier 🙂 qui traite de la provenance des œufs de poules élevées en batterie.

C’est donc elle qui s’exprime dans le « je » de ce texte !


Amis lecteurs, cette semaine j’aborde avec vous un thème sensible et difficile. C’est non sans émotion que je vous embarque avec moi au cœur de la maltraitance animale. L’investigation menée pour cet article aura été douloureuse, je ne vous le cache pas. Si l’analogie avec les camps de concentration peut paraître osée de prime abord, elle est hélas parfaitement justifiée. Les images et vidéos visionnées auront été à la limite de l’insoutenable.

S’il y a bien une chose à retenir c’est que cela doit cesser et vite !

Les œufs de batterie qu’est-ce que c’est ?

Ce que l’on nomme communément « œufs de batterie », sont des œufs provenant de poules élevées en cage dans de grands hangars surpeuplés. Les conditions de vie pour les animaux y sont terribles. Les poules ne sortent jamais et n’ont accès ni à la lumière du jour, ni à l’air frais du dehors. Elles peuvent être exposées à 15h d’éclairage artificiel par jour, technique utilisée jadis pour torturer les détenus en prison.

La réglementation permet de parquer jusqu’à 16 poules au mètre carré, ce qui représente environ une feuille A4 par animal. Cela ne leur laisse guère de place pour étendre leurs ailes. Le fond des cages n’est pas lisse mais grillagé, ce qui leur occasionne de grandes douleurs. Les volatiles sont privés de leurs comportements naturels comme gratter le sol, prendre des bains de poussière ou tout simplement couver et s’occuper de leurs petits. A l’intérieur de ces élevages règne l’insalubrité. Beaucoup de poules perdent leurs plumes, certaines meurent et les cadavres restent dans les cages parfois jusqu’à leur décomposition. Les parasites pullulent : asticots, mouches, poux…Même les employés sont infestés.

Pour éviter l’hécatombe, les gallinacés sont gavés d’antibiotiques et de vaccins. Ces substances ne se retrouvent qu’à l’état de traces dans les œufs et ne mettent, à priori, pas la santé du consommateur en jeu (mais tout de même !).

Actuellement, 68% de la production d’œufs en France, provient de ce type d’élevage.

Savoir déchiffrer les codes sur les œufs

Vous l’avez peut-être déjà remarqué, les œufs que nous achetons dans le commerce présentent un code sur la coquille. Mais que veulent bien dire ces chiffres et ces lettres ? Prenons l’exemple d’un œuf sur lequel est inscrit le code 3FRWFB02 :

  • 3 représente le mode d’élevage (ici 3 = œufs de batterie)
  • FR représente le pays d’origine (ici FR = France)
  • WF représente l’identification du producteur
  • B02 représente le numéro du bâtiment de ponte

Les différents codes

Chaque mode d’élevage possède un code qui lui est propre allant de 0 à 3.

Le code 3 signifie que les œufs sont issus de poules élevées en cage, il autorise :

  • 16 poules/m² maximum
  • Pas de sortie, ni lumière du jour
  • Poussins mâles broyés ou gazés
  • Épointage (bec coupé à la naissance pour éviter les bagarres et le cannibalisme)
  • Abattage après un an de ponte

Le code 2 signifie que les œufs sont issus de poules élevées au sol ou en volière, il autorise :

  • 9 poules/m² maximum
  • Mêmes critères suivants que code 3

Le code 1 signifie que les œufs sont issus de poules élevées en plein air et le code 0 que l’élevage est bio, ils autorisent :

  • 9 poules/m² maximum lorsque les poules sont rentrées à l’intérieur
  • Pas de sortie obligatoire avant 25 semaines
  • Mêmes critères suivants que code 3

Choisir ses œufs, un acte responsable

Vous l’aurez compris, les œufs numéro 2 et 3 sont donc à bannir de nos assiettes. Néanmoins, on constate que la réglementation sur les œufs 0 et 1 n’est pas aussi stricte qu’elle le devrait et ne peut pas garantir une vie 100% décente à l’animal. Cela est d’autant plus vrai que, même en plein air, les terrains peuvent être mal adaptés, sans arbre ni buisson. La solution réside encore et toujours dans le fait de privilégier les circuits courts. En choisissant des petits producteurs dont vous connaissez l’éthique et la façon de travailler, vous vous assurez que l’animal aura été bien traité.

Je suis toutefois consciente que les contraintes de la vie moderne ne vous permettront pas forcément d’aller à la rencontre des agriculteurs locaux. C’est pourquoi en boycottant les œufs 2 et 3, vous faites déjà une bonne action en faveur de nos amis les cocottes. Pensez ainsi à ouvrir systématiquement les boîtes d’œufs pour y lire les codes sur les coquilles, c’est le seul élément qui fait foi ! Méfiez-vous des allégations trop tape à l’œil du type « œufs frais » ou « œufs pondus du jour » qui font passer ces œufs pour des produits de qualité alors qu’ils sont souvent issus d’élevage en batterie.

Des qualités nutritionnelles différentes

Si les œufs issus d’élevage en batterie ne représentent, à priori, pas plus de risques sanitaires que les autres, il en va différemment pour les qualités nutritionnelles. Du point de vue des macronutriments (protéines, lipides…), les études tendent à montrer que les valeurs sont sensiblement les mêmes pour tous les modes d’élevage. Mais d’autres études plus poussées, nous ont montré que les œufs bio et de plein air présentaient des taux d’oméga 3 et de vitamines supérieurs aux œufs de batterie. Cela nous conforte bien dans l’idée qu’un animal correctement traité produira des œufs de meilleure qualité.

La fin des œufs en batterie est-elle possible ?

Depuis la diffusion de vidéos choquantes sur les conditions de vie des poules dans les élevages en batterie, les choses ont bien bougé. Ainsi, des sociétés comme Matines, qui jusqu’à présent produisait environ 70% d’œufs en batterie contre 30% seulement pour le plein air et le bio, s’est engagé à inverser cette proportion. Carrefour, un des leaders de la grande distribution, s’est engagé à ne vendre plus que des œufs 0 et 1 pour sa propre marque d’ici 2020 et pour toutes les autres marques d’ici 2025. Il a aussi promis d’étendre cette directive à ses enseignes à travers l’Europe.

Le président Emmanuel Macron, s’est prononcé en faveur d’une interdiction à la vente des œufs de batterie. Toutefois, cette interdiction ne concerne pas les produits industriels confectionnés avec des œufs. Aujourd’hui, 40% de la production française d’œufs est destinée au marché des produits transformés (biscuits, pâtes, gâteaux, pizzas etc.…). Sauf mention contraire sur l’emballage ou label rouge et bio, vous pouvez être certains que les recettes ont été élaborées à partir d’œufs de batterie.

Fort heureusement, les associations de défense pour le bien-être animal mènent une bataille acharnée contre l’élevage en cage. Dans cette chasse aux œufs de batterie, elles ont réussi à faire plier la grande distribution mais aussi à atteindre des grandes marques (Nestlé, Unilever, Mondelēz…), le monde de l’hôtellerie (Marriott, Hilton, Accor..) et de la restauration collective (Sodexo, Api Restauration…).

Chaque année en France, environ 47 milliards d’œufs sont produits. Plus de la moitié d’entre eux sont des œufs produits en batterie. L’objectif des associations est de faire disparaître totalement ce mode d’élevage d’ici à 2025. Le combat est déjà bien amorcé dans l’hexagone mais doit encore progresser pour atteindre l’Europe. En attendant, vous pouvez agir :

  • Rapprochez-vous des petits producteurs
  • Si vous faites vos courses au supermarché, privilégiez les œufs au marquage 0 et 1
  • Limitez votre consommation de produits industriels et optez pour le fait maison
  • Si vous ne pouvez pas vous passer de certains produits industriels, choisissez plutôt des produits éthiques et labellisés

Aujourd’hui l’élevage en batterie reste autorisé par la loi mais le citoyen a le pouvoir de changer la donne. Vous seul décidez de ce que vous mettrez demain dans votre assiette. Ici le consommateur remplace le législateur.

Alors, amis lecteurs, la révolution est au bout de votre fourchette !

poulet content


 
  
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One comment on “Œufs de batterie, Auschwitz version gallinacé

  1. lapoulephilosophe

    C’est un combat important que celui-ci. L’association L214 organise des actions très simples à réaliser de chez soi pour convaincre différentes maisons et entreprises de renoncer publiquement à l’utilisation des œufs en batterie.

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